Promotion « En ce printemps, ô mon Ami »
" En ce printemps revenu, ô toi mon doux ami, Porte un message de paix ... "
La quatrième édition du Prix Habib Sharifi de la Conatus Foundation s’inspire du poème « En ce printemps, ô mon Ami » de Habib Sharifi, une ode à la résilience et à l’espoir. Ce choix réaffirme l’engagement indéfectible du Prix envers les artistes exilés, ces porteurs de cultures riches et variées, témoins des tournants de l’Histoire. Leurs parcours, parfois sinueux, les ont conduits vers de nouveaux horizons, où leurs talents continuent d’éclore et d’enrichir le monde.
4ème édition
Le Prix Habib Sharifi de la Conatus Foundation a pour mission de soutenir, révéler et faire résonner les voix des artistes ayant vécu l’exil, le déracinement ou l’arrachement à leur terre d’origine.
Elle est née pour offrir un espace de création et de reconstruction à ceux qui utilisent le langage artistique — musique, arts visuels, poésie — pour témoigner, bâtir et inventer d’autres formes de beauté et de vie.
« En ce printemps, ô mon Ami »
Une fumée dans mon cœur, douleur
en moi
consumée
Et cette envie de pleurer
en moi
réanimée
De mes yeux toutes ces larmes qui ne cessent de couler
Et les chagrins de ce temps
en moi
accumulés
Si tu me brûles dans le feu, mon or sera purifié
Et ma tête relevée
de moi
un signe levé
Dans l’ivresse et dans la joie quand je suis de moi vidé
Au nom de l’humilité
à moi
il faut pardonner
excuse toute trouvée
En ce printemps revenu, ô toi mon doux ami
Porte un message de paix
et moi
je t’apporterai
tambours et luths constellés
Joue en parfaite harmonie un de ces airs sublimes
Qui ravissent les cœurs serrés
et moi
je t’apporterai
des mages le vin sacré
Habib Sharifi
lauréats

Soufia Erfanian
Section Arts visuels (Iran, 35 ans)
Soufia Erfanian (née en 1990 en Iran) est une artiste iranienne, basée à Berlin et travaillant entre Paris, Téhéran et Berlin. Sa pratique, ancrée dans la peinture et le dessin, interroge les rapports entre oppression systémique et expression de soi, notamment autour des corps marginalisés, du déplacement et de la (re)construction des identités. Elle explore la fluidité comme geste de résistance, et travaille les notions de mémoire, trauma, féminité, intimité et lien collectif.
Ses œuvres récentes ont été montrées dans diverses institutions et galeries, dont la 17e Biennale de Lyon, Kindle Contemporary (Berlin) et le Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMC+). En 2025, elle est en résidence à la Pinault Collection à Lens.
Parallèlement à sa recherche picturale — séries Lies That Bled Blue (2025), Unhealed Cut (2024), My Childhood Room Had No Windows (2024). Son exposition Tragic Daily Routine (Galerie Édouard Manet, Gennevilliers, 2024) met en tension routines du quotidien, désir, célébration et violence, et prolonge une réflexion sur la vie collective et les formes de solidarité.
Dans l’esprit du Prix Habib Sharifi, son œuvre cherche un espace d’hospitalité et de réconciliation : faire affleurer les blessures pour les transformer en puissance de récit partagé, entre peinture, papier et communautés d’affects.

Sofia Karampali Farhat
Section Poésie (Liban/Grèce, 31 ans)
Sofía Karámpali Farhat (née en 1994 au Sud-Liban) est une poète et artiste autodidacte gréco-libanaise. Installée à Paris depuis 2013, elle écrit en français les territoires de la guerre, de l’exil, de la résistance et de l’amour. Marquée très tôt par l’exil consécutif à la guerre israélo-libanaise de 2006, elle fait de la mémoire et de l’hospitalité les moteurs d’une langue qui accueille l’autre.
Son premier recueil, Zaatar (Éditions Bruno Doucey, 2023), a révélé une voix à la fois charnelle et politique ; il a été distingué par le Prix Ganzo Espoir, le Prix CoPo des lycéens 2024 et le Prix des lycéens de la Région Île-de-France 2025.
Polyglotte (arabe et grec, langues maternelles ; français, langue d’écriture), elle tresse volontiers les alphabets et prolonge sa poésie par une pratique visuelle (dessin, carnets, broderie, sculpture), explorant la porosité des formes.
Son travail s’inscrit dans l’esprit d’hospitalité et de réconciliation qui traverse l’œuvre d’Habib Sharifi : écrire pour faire fleurir encore — au-delà des frontières, des langues et des blessures — et faire de la poésie un lieu d’amitié partagée.

Ava Rasti
Section Musique (Iran, 29 ans)
(née en 1996 en Iran) est une compositrice et musicienne iranienne, actuellement basée en France et travaillant entre Téhéran, Paris et Berlin. Pianiste et bassiste, elle crée des paysages sonores à la croisée de l’ambient, du drone et du moderne classique, superposant piano, basse et dispositifs électroniques (ordinateur, contrôleurs MIDI) en strates immersives. Son travail s’inspire souvent de la mémoire, de la nostalgie, de la mobilité, de l’exil et de la quête d’appartenance porter « la maison » avec soi plutôt que de chercher l’arrivée.
Depuis 2020, Ava Rasti se consacre à ses projets solo ainsi qu’à la musique de film et de scène. Elle a composé pour The Great Yawn of History (Berlinale 2024), 1001 Frames (Berlinale 2025) et a réalisé le sound design de Der Prozess (Théâtre de Fribourg, 2024).
Sa discographie comprend The River (FatCat Records, 2024). Elle a été artiste en résidence au Fabrica Research Centre (Trévise, 2022–2023), à KORA/Ramdom (Pouilles, 2023) et à la Maison Julien Gracq (2025), et s’est produite à l’international, notamment au BRDCST/AB (Bruxelles, 2025), au Great Escape (Brighton, 2025), au Semibreve Festival (Braga, Portugal, 2025) et au Lieu Unique (Nantes, 2025).
Dans l’esprit du Prix Habib Sharifi, son travail cherche une musique d’accueil — une possible réconciliation entre « ici » et « là-bas ». Ne pouvant actuellement rentrer en Iran en raison de la guerre, elle poursuit sa pratique en Europe, traçant des frontières invisibles à travers le son et faisant de chaque écoute un geste d’hospitalité.

Myriam Cohenca
Section Vidéo (Levant, 33 ans)
Myriam Cohenca (née en 1992) est une artiste du Levant aujourd’hui basée en France. Formée à la photographie (University of Hertfordshire) puis aux arts plastiques (Licence et Master, Panthéon-Sorbonne), elle développe une pratique transdisciplinaire — vidéo, photographie, installation, performance et écriture — qui confronte effacement, deuil, exil et résistance en tissant rituels, gestes sensibles et archives intimes.
Ses œuvres récentes — Kaddish (2024-2025), One Drop + One Drop (2024), Shetah Esh / Fire Zone (2023), Acts of Resistance (2025), No Shore (2025) et Lettre d’amour à un soldat mort (2024) — constituent des « archives vivantes » mêlant voix, images et matières (cendre, huile, sable) pour refuser les récits binaires et ouvrir des espaces d’amour radical. Elle a présenté son travail à la Grosso Modo Gallery (Tel-Aviv-Jaffa), à la Richter Gallery (Yaffa), à Arteria (Barcelone) et lors du festival Perspektiv_a à Vienne, et a mené des résidences de recherche en Italie, au Maroc, en Grèce et en France.
Avec Missing Data, projet au long cours fondé sur des archives familiales et incarnées, elle réactive des récits arabes juifs et palestiniens effacés. Travaillant en anglais, arabe, français et hébreu, elle affirme la mémoire comme lieu de résistance et d’hospitalité, dans l’esprit du Prix Habib Sharifi, où l’art devient un geste de réconciliation, au-delà des frontières, des interdictions et des silences.

Abdullah Jan Nazari
Prix Espoir de la poésie (Afghanistan, 16 ans)
Abdullah Jan est le premier né, d’un couple aimant Muhammad et Marwa
Nazari. Il voit le jour, le 3 mai 2009 à Parwan en Afghanistan. Son père a une entreprise prospère de Menuiserie et son talent d’ébéniste le faire connaître dans toute la région. Son petit frère Abdulmatine voit le jour en 2012.
Son univers bascule et devient un authentique cauchemar, en 2021, lorsque les talibans débarquent au mariage du jeune frère de son père et assassinent, sous ses yeux, tous les membres de leur famille : femmes, hommes et enfants… Son père parvient à s’enfuir avec lui et son frère, laissant leur mère cachée chez des voisins. Abdullah restera seul dans une grotte, avec son petit frère et quelques vivres, le temps que leur père retrouve leur mère et la ramène à la grotte, après plus d’une journée de marche. Là commence un long et douloureux exil à pied vers l’Ouest. Des jours et des nuits à marcher pour survivre à l’innommable.
Après avoir traversé plusieurs pays, ils trouvent enfin asile à Farébersviller, une ancienne cité minière du charbon, en Moselle-Est. C’est là qu’Abdullah apprend à parler, mais aussi à lire et à écrire le français. Toute la famille met un point d’honneur à s’intégrer à ce pays providentiel, qui l’accueille à bras ouverts.
Il faut dire que les talents du père Nazari ne laisse personne indifférent. Sans papiers, mais volontaire, il s’intégré rapidement en devenant bénévole pour la commune : il met en pratique ses talents d’ébéniste, en travaillant des palettes et du bois de récupération : il refait tout le mobilier urbain, construit des bibliothèques et des aires de jeux entières en bois pour les écoles et s’investit dans les associations sportives de la ville. Abdullah se fait rapidement remarquer par les entraîneurs locaux pour ses talents hors normes de footballeur. A l’école également, sa rigueur et son sérieux impressionnent : il saute plusieurs classes par an. Aujourd’hui, il a rattrapé le niveau de ses camarades français, moins une classe. En juin 2025, il termine sa classe de troisième au collège, avec les félicitations du conseil de classe. Abdullah écrit des poèmes avec une pudeur et une sensibilité rares, comme pour mieux survivre au Printemps de sa vie, qu’il rêve en poésie et en liberté !
Projet
Célébrons la résilience artistique et l'inclusion culturelle !
À l’issue d’une année d’échanges, d’accompagnement et de création, les lauréats dévoileront leurs œuvres au mois de mars 2026 au Théâtre de la Concorde à Paris.
jury
Arts visuels
poésie & musique
Galerie
Retrouvez ici les photos prises au cours de la résidence des lauréats en 2023.
“ Les divers programmes de la Bourse Habib Sharifi réservent une place singulière à chaque mode d’expression artistique : spectacle vivant, musique, poésie, arts plastiques et photographiques sont également considérés et font l’objet d’actions propres à chacun d’eux. Notre objectif est de promouvoir sans exclusion des talents méconnus, passionnés et en quête d’excellence. ”
Bourse Sharifi